Galerie d'art érotique antique sur l'ile de sri lanka



Iles - Lieux de l'Art et de l'errance | Martine Estrade | Literary Garden


Iles - Lieux de l'Art et de l'errance | Martine Estrade | Literary Garden

A Sri lanka, terre bouddhique, se dresse au sein d’un piton rocheux, en pleine jungle, une insolite galerie d’art érotique antique issue de la fantaisie mégalomane d’un roi fou et parricide.

Escale d’île Saint Louis en île : Galerie d’art érotique antique sur l’île de Sri Lanka.

« Lanka », (littéralement l’île resplendissante), précédée de la particule sacrée Sri abrite à Sigirya, en plein centre de la royauté bouddhique d’Anaradhapura, une galerie d’art érotique insolite datant du Vè siècle de notre ère, dissimulée dans une grotte au sein d’un piton rocheux haut de 2OO mètres taillé en lion, véritable « citizen kane » d’un roi fou et parricide, esthète génial.
L’art connaît dans les îles une destinée privilégiée. Toute île s’adonne à être terroir pour les pensées et le rêve.
Au centre de Sri Lanka, depuis le V è siècle avant notre ére, s’établirent des villes bouddhiques. Elles furent recouvertes durant des siècles par la jungle tropicale. Monastères ou ermitages perdus, grottes aux parois tapissées de fresques dont le climat et la végétation permirent la conservation exceptionnelle, révèlent, à travers leurs ruines les traces de leur splendeur passée enfouies dans une nature luxuriante.
Solitaire, sur un piton rocheux gigantesque aux parois rouge-sang abruptes, la forteresse palais de Sigirya défie l’imagination.


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A l’origine de cet édifice inoui, un roi, Kassapya, tyran fou et esthète, amateur d’art éclairé. Dom Juan antique, il tua son père qui eut l’heur de condamner son libertinage, s’enfuit et se réfugia sur le piton rouge de Sigirya. Sur ce roc qu’il fit tailler en lion, il édifia une forteresse-palais, l’entoura de jardins et canaux de plus de quinze mètres de large, fit bâtir de nombreux monastères alentour et s’installa avec son armée et ses courtisanes pour y mener grand train, n’hésitant pas à tailler un immense bassin d’agrément au sommet même du piton ou des estrades de danses devant lequel siégeait son trone de pierre sculpté à même le roc.
A l’intérieur d’une corniche naturelle de la roche, protégées de la pluie et du soleil figurent les célèbres fresques colorées des « Demoiselles de Sigirya ». Reines ou servantes, déesses ou concubines, une vingtaine de femmes aux seins nus et ronds , richement parées de bijoux arborent des postures légères et gracieuses . Souvent unies par deux, la main droite mi-levée porte des fleurs. Les couleurs, pastels, n’ont rien perdu de leur fraîcheur.
Sur la paroi intérieure de la rampe protectrice, un mur lisse comme un miroir s’orne de graffitis en sanscrit dont les plus anciens remontent au X è siècle, mots d’amour ou commentaires exaltés des amateurs d’art, leur traduction nous émeut : « des jeunes filles comme vous font palpiter le cœur des hommes et vous savez faire frissonner leur corps, raidissant leur chevelure de désir ». Ainsi s’inscrivent, en plein territoire de spiritualité bouddhique les représentations du désir dont le « Citizen Kane » antique d’un esthète fou vient intriquer à merveille érotisme et sacré.
La morale fut sauve, Kassapya fut tué par son frère après 18 ans de règne. Mais les demoiselles de Sigirya et les graffitis de leurs admirateurs, inscrits aujourd’hui au Patrimoine Mondial Exceptionnel de l’Humanité rendent compte de la pérennité du désir et de la transcendance de l’art dont les îles de par le monde se font souvent le temple.


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