Buenos Aires : danse avec les vents !



Villes - Lieux de l'Art et de l'errance | Martine Estrade | Literary Garden
Villes - Lieux de l'Art et de l'errance | Martine Estrade | Literary Garden

Portés par les vents…

Les mexicains descendraient des aztèques, les péruviens des incas et les argentins, eux, seraient descendus …des bateaux !

Nés dans toute l’europe, émigrés et poussés par les vents favorables qui donnèrent à la Capital Federal d’aujourd’hui son nom de Buenos Ayres ,leurs étranges histoires de destinées mues par des souffles entrecroisés se déploient dans la mythique mégapole, autre Europe du bout du monde, qui subit la mise en demeure paradoxale et perpétuelle de se représenter et de s’inventer tout à la fois, dans un va- et-vient incessant, par delà l’Atlantique.

Ainsi, un petit village construit en 1536 près du rio de la Plata fut baptisé par Juan de Garay Santisima Trinidad Y puerto de Nuestra Senora del Buen Ayre en l’honneur de la sainte égérie des marins de méditerrannée, Notre dame des Bons-Vents, qui poussa les premiers colons espagnols jusqu’au fleuve. Le nom se transforma pour devenir Buenos Aires, les bons vents. Détruit par les tribus nomades qui peuplaient alors la région, les survivants gagnèrent les rives du rio de la plata vers le nord et y fondèrent la seconde buenos aires. Les indiens furent quasiment exterminés et Buenos aires fut d’abord bourg agricole avant de devenir port, et d’accueillir une immigration de plus en plus importante. Les habitants de la ville, furent dénommés les portenos, surnom qu’ils gardent aujourd’hui encore.

Soumis à la fécondité du paradigme créatif et fictif, l’art s’installe en tous lieux de la ville .

Frénésie et lenteur s’opposent et se conjuguent. Les piétons courent d’un cuadra à l’autre comme mûs par une tempête, siphonés dans les artères du centre-ville. Sur leurs trajets posent d’étonnants cafés intemporels surgis de nulle part et toujours, à la destinée littéraire parfois affichée


Villes - Lieux de l'Art et de l'errance | Martine Estrade | Literary Garden

Sur les tags bariolés et crus de la ville s’illustrent dans un humour décalé les mythes de la ville : éden austral , Evita éternelle, ou gaucho se marient en un assemblage rocambolesque qui se rie de lui même.


Villes - Lieux de l'Art et de l'errance | Martine Estrade | Literary Garden

Omniprésent , le tango, se danse en tous lieux. Milongas de tous les styles lui font honneur. A la Catedral, incroyable et immense squat en forme de coque de navire retourné, l’immense portrait de Carlos Gardel domine un amoncellement d’objets hétéroclites et contemple en souriant le lustre rouge énorme en forme de Mongolfière. Un pianiste frappe fébrilement sur son clavier un electrotango.


Villes - Lieux de l'Art et de l'errance | Martine Estrade | Literary Garden

Les accents nostalgiques des musiciens du Bar Sur se sont tus au petit matin, après des démonstrations soignées entre les tables d’un lieu classique, aussi célèbre que minuscule, pionnier des spectacles du quartier de San Telmo.


Villes - Lieux de l'Art et de l'errance | Martine Estrade | Literary Garden

Les spectacles tango s’improvisent partout, à toute heure comme en tous lieux. Le vent du tango relaie celui des navires et s’engouffre, jusque sur les trottoirs sous les doigts des bandéonistes dont l’instrument s’étire dans des accents tragiques, mélange détonnant de mélancolie et de joie de vivre.


Villes - Lieux de l'Art et de l'errance | Martine Estrade | Literary Garden

Même sidéré par l’art qui le fige, le tango trône encore sur le pavé de Defensa et dans le patio « El tiempo » et ses galeries d’art à SanTelmo.


Villes - Lieux de l'Art et de l'errance | Martine Estrade | Literary Garden

Lieu de repos éternel, le cimetière de Recoleta, Père Lachaise latino-américain, petit village aux somptueux caveaux familiaux solennels et luxueux, abrite pour l’éternité des hôtes illustres et issus des grandes familles de Buenos aires. Le dernier enterré est placé au sommet d’un empilement vertical.

Au dessus des tombeaux, des éoliennes argentées tourbillonnent infiniment aux vents de Buenos Aires comme un souffle de la vie à jamais disparue, signe que la vie à Buenos aires, au-delà de sa fin danse avec les vents…


Villes - Lieux de l'Art et de l'errance | Martine Estrade | Literary Garden

< Retour