Recherche d'écriture liée au décor naturel : les fleuves - La rivière Kwai près de Kanchanaburi



Poésie | Martine Estrade | Literary Garden

Musée des alliés, près du pont de la rivière Kwai. Une reconstitution expose le calvaire de prisonniers décharnés, ensanglantés et enchaînés dans leurs cellules reconstituées. Une cellule en forme de cage de bambou.Quelques squelettes ramassés sur place et des mannequins de cire ensanglantés. Emouvant et surréaliste. Trois cent cinquante kilomètres de voie ferrée été taillés au burin dans la montagne thaï et birmanes par des soldats prisonniers qui succombaient au paludisme, à la famine et aux travaux forcés. Allées de croix blanches identiques sur la pelouse verte. 6900 stèles funéraires au cimetière des alliés : nom, régiment, âge 21 à 30 ans pour le plus vieux, hécatombe gigantesque. On dit que le jour d’un bombardement du pont, la rivière devint rouge sur ses deux kilomètres de larges.Souillée de cadavres l’eau n’a plus été potable pendant plusieurs jours.

Paysage idyllique .Quel contraste ! La terrible rivière kwai roule depuis la nuit du temps ses tourbillons infranchissables sous un soleil de plomb. Un film, célébrissime, "le pont de la rivière Kwai".

« hello ! le soleil brille, brille,
hello ! tu dormiras bientôt ».

Cynisme des guerres. Derrière les montagnes en pain de sucre, la frontière birmane, ses guérillas. Le courant peut charrier cadavres, boue et déchets, l’oasis se recrée autour de la rivière. Puissance des fleuves d’Asie à la domination impitoyable sur l’anatomie des pays, le destin des hommes. Bruit des moteurs de camion des pirogues et des remorqueurs, pourtant, le décor respire la sérénité. Le long de la rivière Kwai, de gigantesques hôtels avec pratique de la méditation. Les thaï affluent, les entreprises envoient de force leurs managers stressés y passer la semaine. De l’autre côté du pont, promenades à dos d’éléphant.

De l’autre côté de la rivière Kwai, les montagnes dentelées comme des pains de sucre de la frontière birmane.

Six heures. La nuit tombe. Le fleuve lourd aux remous violents se teinte d’un noir d’encre.Sur le ciel voilé se détachent les montagnes, fantômes de pierre. Entre les nuages gris le ciel est de plus en plus rose. L’eau est si sombre qu’elle ne reflète plus. Concert assourdissant soudain des grillons éveillés. Vol des insectes. Les trilles d’un oiseau de nuit s’élèvent. Tout est noir, le ciel comme la terre.

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